Bitcoin en Chine : levée de l’interdiction prévue en 2025 ?

Jeune homme chinois avec Bitcoin et ordinateur dans un café

En 2021, le gouvernement chinois a interdit le minage et les transactions en cryptomonnaies, tout en tolérant la détention d’actifs numériques à titre privé. Malgré cette interdiction, la Chine figure toujours parmi les principaux pays contributeurs au hashrate mondial. Les grandes plateformes d’échange restent bloquées, mais des services alternatifs persistent dans la clandestinité.

Des rumeurs circulent autour d’une révision prochaine de la réglementation, alors que certains acteurs institutionnels localisés à Shanghai auraient entamé des discussions exploratoires. Le secteur financier surveille de près ces signaux, anticipant d’éventuels changements susceptibles de modifier l’équilibre du marché mondial.

Où en est le bitcoin en Chine aujourd’hui ?

Depuis 2021, la Chine a banni le minage et les transactions en cryptomonnaies. Cette décision a provoqué un exode massif des grandes fermes de minage, autrefois solidement implantées dans le Sichuan ou la Mongolie intérieure. Beaucoup ont pris la route du Kazakhstan, de la Russie ou des États-Unis pour poursuivre leurs activités. Bitmain, mastodonte du secteur, a dû relocaliser une partie de ses opérations à l’étranger, mais garde une présence discrète en Chine grâce à sa filiale Antpool.

Depuis 2017, les plateformes d’échange locales restent bloquées et la Banque populaire de Chine accélère le développement du Yuan numérique (e-CNY), qui s’impose comme la version officielle du paiement électronique. Pourtant, la détention privée d’actifs numériques comme le bitcoin ne tombe pas sous le coup d’une interdiction explicite. La ligne est ténue : trader ou organiser des échanges expose à des poursuites, mais détenir du btc relève d’un flou juridique.

La situation contraste fortement avec Hong Kong, où la réglementation s’avère bien plus souple. Un exemple : la société DayDayCook, basée dans la région, vise à accumuler 5 000 BTC d’ici 2028, après avoir déjà mis la main sur 100 BTC en 2025. Malgré l’embargo, la Chine continue de peser sur le marché mondial. Lors de l’affaire Plustoken, les autorités ont saisi près de 194 775 BTC, un stock suffisamment conséquent pour influencer la liquidité globale.

Voici les grandes lignes de cette recomposition :

  • Déplacement massif des mineurs vers le Kazakhstan, l’Islande, les États-Unis et la Russie
  • Montée en puissance du Yuan numérique face aux cryptoactifs privés
  • Maintien d’une influence chinoise sur la capitalisation boursière mondiale

La centralisation du minage sur le territoire chinois a longtemps nourri les critiques, qu’elles portent sur l’écologie ou sur la gouvernance du réseau. Aujourd’hui, même si le secteur s’est fragmenté, Pékin garde la main sur les ressorts réglementaires et ne manque pas de faire frémir le marché à chaque bruit de couloir évoquant un relâchement en 2025.

Les raisons du bannissement et ses conséquences sur l’écosystème local

La Chine n’a pas simplement tiré un trait sur les transactions et le minage de cryptomonnaies en 2021. Le mouvement remonte à 2017 : cette année-là, la Banque populaire de Chine a jugé les ICO illégales, prétextant la nécessité de reprendre le contrôle sur les flux financiers et d’enrayer l’évasion de capitaux. En 2019, la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR) a placé le minage sur liste noire, dénonçant son impact énergétique et écologique.

La centralisation du minage a longtemps été pointée du doigt : à l’époque, plus de 65 % de la puissance du réseau bitcoin provenait des fermes chinoises, d’après Cambridge. La question écologique n’a cessé de s’inviter dans le débat, avec une consommation électrique colossale et une dépendance au charbon. Pékin, pour sa part, entend aussi préserver l’avance du Yuan numérique, au cœur de sa stratégie monétaire.

Mais la conséquence a été immédiate : un exil massif des mineurs chinois vers le Kazakhstan, la Russie ou les États-Unis. Les poids lourds comme Bitmain ont été contraints de relocaliser une partie de leur capacité de production. Le marché local s’est tari. Les développeurs de projets DeFi et d’applications décentralisées se sont tournés vers Hong Kong ou Singapour. Ce mouvement s’est accompagné d’une chute sévère des volumes et de la TVL (total value locked) des projets chinois.

À chaque annonce officielle, la volatilité du secteur s’accentue. Les investisseurs institutionnels, déjà sur la réserve, se retirent. Le choc se fait sentir sur la capitalisation boursière mondiale du bitcoin : lorsqu’il s’agit de reprendre la main sur la monnaie et la technologie, la Chine agit sans demi-mesure.

Interdiction d’utilisation ou droit de détention : comprendre la nuance juridique

Le dispositif mis en place par Pékin vis-à-vis du bitcoin et des cryptomonnaies ne se limite pas à une simple opposition binaire. Depuis 2021, la Chine a fermé la porte aux transactions sur actifs numériques : la Banque populaire de Chine a stoppé net toute activité d’échange ou de paiement en bitcoin, forçant les plateformes locales à cesser leur activité. Mais le code chinois ne sanctionne pas explicitement la détention individuelle de cryptomonnaies. La vraie différence se situe entre l’usage actif et la conservation passive.

Dans les faits, stocker du bitcoin sur une clé privée ou dans un portefeuille physique ne mène pas devant les tribunaux, à condition de ne pas s’en servir comme moyen de paiement ou pour des transactions. La justice chinoise a déjà reconnu à plusieurs reprises que les cryptomonnaies sont considérées comme une propriété privée. Cette subtilité ouvre une zone d’incertitude : posséder reste toléré, mais toute tentative de conversion, de vente ou d’achat localement peut entraîner des sanctions.

Le décalage avec Hong Kong est frappant. Là-bas, le cadre réglementaire autorise les ETF spot bitcoin et des sociétés telles que DayDayCook peuvent afficher publiquement leur stratégie d’accumulation de BTC. Sur le continent, la loi laisse une marge aux détenteurs, mais verrouille la circulation sur le marché domestique. Cette dualité nourrit les spéculations sur un possible changement de cap en 2025.

Femme chinoise d

Quels scénarios pour le marché mondial si la Chine assouplit sa position en 2025 ?

Le secteur du bitcoin et des cryptomonnaies guette chaque geste venu de Pékin. Un assouplissement en 2025, même limité, bouleverserait l’équilibre mondial. La Chine, qui a longtemps dominé le minage, reste une force en sommeil. Lorsque les mineurs se sont massivement déplacés vers les États-Unis, la Russie ou le Kazakhstan en 2021, l’effet a été immédiat sur la répartition de la puissance de calcul et la sécurité du réseau.

Si Pékin réouvre, même partiellement, le marché, on assistera à des afflux massifs de capitaux. ETF spot bitcoin, retour des géants technologiques, regain d’intérêt des institutionnels : ces évolutions pourraient propulser la liquidité et la volatilité à des niveaux inédits. Pendant ce temps, Hong Kong joue déjà la carte de l’innovation réglementaire, en autorisant ses propres ETF bitcoin et en attirant des sociétés de gestion.

À l’échelle internationale, un tel tournant chinois ferait écho aux ambitions américaines, le Congrès s’interroge sur la constitution de réserves stratégiques de BTC, et au réveil du Japon, qui envisage d’ouvrir l’accès aux crypto-actifs à ses banques. La compétition sino-américaine gagnerait en intensité : constitution de réserves, arbitrages sur la gouvernance, nouvelles alliances stratégiques.

Voici trois conséquences majeures qui pourraient découler d’un assouplissement chinois :

  • Explosion possible de la capitalisation : l’arrivée de la Chine, même progressive, suffirait à pulvériser les plafonds atteints par le bitcoin ces derniers mois.
  • Dynamique réglementaire mondiale : la Chine pourrait devenir le déclencheur d’un mouvement d’ouverture chez d’autres acteurs majeurs, accélérant l’adoption globale du secteur.
  • Redistribution industrielle : le retour des acteurs chinois dans le minage et l’investissement redessinerait la carte mondiale des puissances en présence.

La volatilité, déjà nourrie par les annonces politiques, franchirait un nouveau seuil. Gardez un œil sur la Banque populaire de Chine : un simple mouvement de sa part pourrait faire vaciller l’édifice mondial des cryptomonnaies.

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